Le Moyen Âge

Le manuscrit perdu d'Yvain, le chevalier au lion.

Yvain allait au trot en direction de Carduel. Il était parti voilà bientôt deux heures de l'emplacement où il avait placé son campement la nuit précédente. Il arriva, accompagné du lion, près d'une chaumière d'où une très belle dame sortit. Lorsqu'elle eut aperçu le lion et le chevalier, elle dit au chevalier qu'il risquait sa vie en allant à Carduel par le chemin qu'il empruntait car Méléagant, un chevalier saxon, y habitait et il n'appréciait guère les chevaliers d'Arthur.

Yvain lui répondit : "Je le sais, et je sais aussi qu'il a créé beaucoup de problèmes à la ville dernièrement, et donc je me proposais de lui apprendre les bonnes manières." La dame lui dit : "En ce cas, acceptez ce présent. C'est un écu magique, Merlin est la personne qui l'avait rendu magique à la demande d'Uther Pendragon, le père d'Arthur, pour mon défunt père, que Méléagant a tué, afin de lui permettre de défendre ma famille car mes parents avaient défendu sa femme lors d'un de ses voyages alors qu'elle était attaquée par des bandits de grand chemin."

Yvain la remercia et se dirigea vers l'endroit où Méléagant avait sa chaumière. Il devait être sixte lorsqu'il y parvint. Son lion sentit l'odeur de la viande sur le feu. Méléagant, ayant entendu les sabots du cheval, sortit armé de pied en cape de sa chaumière et en apercevant Yvain avec son lion, il entra dans son écurie et en ressortit sur son cheval, à la charge. Yvain chargea aussitôt et le choc des lances sur les écus fut tel qu'elles se brisèrent toutes deux. Les chevaliers sortirent leurs épées et engagèrent le combat.

Discrètement, le lion se mit derrière le cheval de Méléagant et rugit du plus fort qu'il le put. Le cheval d'Yvain n'eut point peur car il avait vu le lion, mais le destrier de Méléagant eut si peur qu'il se cabra et s'enfuit dans la forêt, laissant Méléagant au sol. Yvain descendit de son cheval et engagea le combat au sol. Les coups s'enchaînaient, les deux étaient blessés et Yvain douta du pouvoir de l'écu. Quand, soudain, l'écu lui devint aussi léger qu'une plume, arrêta toutes les attaques en se déplaçant de lui-même et en faisant bouger le bras d'Yvain. Et, à la première occasion, l'écu donna un puissant coup à Méléagant qui se retrouva sonné quelques secondes, laissant le temps à Yvain de lui asséner le coup fatal lorsqu'il revint à lui.

Méléagant mort, Yvain retourna sur ses pas et retrouva la dame qui lui avait offert l'écu. Il le lui rendit en disant que c'était son héritage. Il lui dit aussi de raconter que c'était le chevalier au lion qui avait tué Méléagant. Puis, il repartit en quête d'aventures.

Anthony Eynard, d'après l'oeuvre de Chrétien de Troyes.