Paratexte
Journal de documentation.
 

 

L'origine de la tragédie :

 

une célébration publique

Les tragédies grecques prennent leur essence dans un contexte de célébration publique et religieuse. Elles étaient représentées dans le cadre de concours dramatiques en l’honneur de Dionysos, reconnu par les Grecs comme le dieu du théâtre. A l’origine, le mot tragédie désigne le "chant du bouc", animal que l’on sacrifiait au dieu.

Le lieu de la représentation

Choeur et acteur

A l'origine, il s'agissait d'un choeur qui chantait les exploits des héros. C'est au poète attique Thespis et à sa troupe ambulante que l'on attribue l'invention du premier acteur vers 550 avant J.C. Désormais, l'échange se fait entre ce personnage nouveau et le choeur, qui représente la voix de la cité, disposé en demi-cercle autour de lui.


Répartition des rôles

Toute tragédie grecque est une alternance entre des parties chantées et des parties parlées. Les premières sont prises en charge par l’ensemble des choreutes. Tout en chantant et accompagnés par le son de l’aulos (sorte de flûte), ils dansaient. C’étaient des citoyens qui représentaient la cité au théâtre, mais qui n’avaient pas besoin d’être doués en chant. Ces parties chantées qui peuvent nous paraître étranges parce qu’inhabituelles tenaient alors une place très importante. Elles étaient d’ailleurs mises en valeur par le contraste établi entre un personnage souvent seul, face au chœur constituant son interlocuteur. En effet le chœur ne se mêlait pas aux autres personnages : après son entrée solennelle, il restait dans l’orchestra. De plus, le chœur, véritable personnage, survit à toutes les situations. Cette importance du chœur se voit dans les titres des pièces, comme par exemple Les Suppliantes ou Les Perses, qui désigne le groupe formé par les choreutes.


Les costumes

Les costumes obéissent à des conventions stéréotypées :
- de longues tuniques brodées de couleurs vives pour les personnages de sang royal ;
- des tuniques grises, vertes ou bleues pour les fugitifs et les malheureux
;
- des costumes plus simples pour les esclaves et les messagers.

Tous portent perruques et masques. Les masques figurent le caractère fondamental du rôle. Ils agrandissent le visage mais interdisent les jeux de physionomie ; leurs grosses lèvres doublées d'un pavillon dissimulé servent de porte-voix.


Sujets

Les sujets des tragédies sont pour l’essentiel issues de quatre grands cycles
légendaires :

- La guerre de Troie
- Les Atrides
- Le cycle thébain
- Le mythe d’Héraclès


Organisation de la pièce

La Poétique d'Aristote donne une organisation précise de la tragédie qui permet de voir la répartition entre les parties parlées et les parties chantées:

- prologue (exposition et action)
- parodos (entrée du choeur sur l'orchestra)
- 1er épisode (dialogue des personnages)
- 1er stasimon (chant du choeur)
- 2ème épisode
- 2ème stasimon
- 3ème épisode
- 3ème stasimon
- exodos (sortie du choeur)

La tragédie comporte souvent un agôn, joute orale (stichomythie) qui oppose deux personnages défendant chacun une thèse.

Certaines situations se retrouvent dans la plupart des tragédies. Ce sont ce que l’on appelle des " scènes typiques ", qui sont au nombre de trois :

- la supplication :
elle consiste en une prière adressée à une divinité ou d’une personne à une autre. Elle peut ne constituer qu’un élément d’une tragédie ou en être l’intrigue.

- la reconnaissance :
ce type de scène a été définie par Aristote dans sa Poétique : c’est, selon lui, " le renversement qui fait passer de l’ignorance à la connaissance, révélant l’alliance ou l’hostilité entre ceux qui sont désignés pour le bonheur ou le malheur ". C’est donc en quelque sorte un revirement de situation où la révélation- coup de théâtre concerne l’identité d’un personnage.

- le récit de messager :
le messager est un lien entre le monde extérieur et le monde où a lieu la tragédie. Il fait un récit de ce qu’il a vu et ce qu’il dit a valeur de vérité. Sa parole a une dimension épique, de part l’exagération, l’emploi de métaphores et d’antithèses : son intervention est un moment fort de le pièce.


Définition de la tragédie par le philosophe grec Aristote

"La tragédie est donc l’imitation d’une action noble conduite jusqu’à sa fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d’assaisonnements dont chaque espèce est utilisé séparément selon les parties de l’oeuvre: c’est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration (la mimésis), et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre (la catharsis)."

Extrait de La Poétique d'Aristote


Les trois grands auteurs tragiques grecs

Eschyle (526-456 av J.C.)
Sophocle (495-406 av J.C.)
Euripide (484-406 av J.C.)